Reprendre et même, pour être très précis, Rejouer Figure Imposée à l’occasion des quarante ans de la sortie de l’album éponyme, pourrait relever d’une forme de logique, après tout, la nostalgie n’est pas toujours un si mauvais guide. Sauf qu’en l’occurrence, il ne s’agit pas exactement de ça.
Rejouer Figure Imposée ne se résume pas à redonner vie à une œuvre ancienne et qui était sans doute injustement un peu passée à côté de sa première existence. C’est au contraire le point de départ d’une entreprise artistique totalement nouvelle, portée par des musiciens, des arrangements et des sonorités différentes. À ce groupe, se greffent, au fil des concerts, des invités, toujours nouveaux, qui rendront l’expérience unique et renouvelée.
Comme un fil rouge, le film de Fred Poulet incluant des images d’archives est projeté en ouverture, et vient accentuer le côté immersif, régressif presque, du projet en replongeant le spectateur au cœur de ces années où la gauche venait de prendre le tournant de la rigueur. Le CD n’existait pas encore mais ça n’allait plus tarder, le SIDA débutait son œuvre de mort, le mur de Berlin tenait toujours debout et on pensait que ce serait pour toujours, le punk n’était pas tout à fait dead et Bashung, lui, s’interrogeait sur l’absurdité du monde. C’est comment qu’on freine ?
Rejouer Figure Imposée, c’est tout cela à la fois. Une œuvre définitivement hybride et résolument fêlée, au sens premier du terme, avec ce que cela suppose d’énergie et de subtilité.
Je découvre l’existence d’Alain Bashung alors que je suis pompiste en job d’été...
Figure Imposée est une sorte de château hanté