Auteur, compositeur et interprète, Pascal Jacquemin a démarré la musique au collège avec son pote Rodolphe Burger. « Monté » à Paris, il a rapidement rencontré Alain Bashung, dont il a été le guitariste en 1981, et pour lequel il a écrit la quasi-totalité des textes de Figure Imposée.
C’est un sacré défi de s’attaquer à cet album étrange, presque lunaire, qu’est Figure Imposée, non ?
C’est surtout beaucoup de plaisir et d’envie. Je ne me mets pas de pression, j’ai un groupe de musiciens géniaux, qui connaissaient bien Alain et son univers, son état d’esprit mais qui se retrouvent face à un album qu’ils ne connaissent que peu, ça ouvre la porte à plein d’interprétations.
Pourquoi cet album-là qui est l’un de ses moins connus ? Bien sûr vous l’avez écrit, mais ce n’est sans doute pas la seule raison…
C’est quand même déjà une bonne raison (sourires). Mais c’est vrai que c’est un album charnière. Après Play Blessures qui était très sombre, celui-ci est plus solaire, plus énergique. Il marque une direction qu’Alain voulait prendre et c’était très courageux de sa part parce que les rapports avec la maison de disques après l’échec commercial de Play Blessures n’étaient pas au beau fixe. Il réfléchissait beaucoup, il savait où il voulait aller et ce n’était pas vers la facilité.
C’est pour ça qu’il s’est adressé à vous, qui aviez 26 ans ? Pour incarner une rupture après Gainsbourg et Bergmann ?
Sans doute. Avec Gainsbourg et Boris Bergmann, c’était plus prestigieux, mais il se sentait peut- être moins libre, je ne sais pas. Il voulait du sang neuf, mais que ce soit quand même dans la continuité, que ça ne le fasse pas complètement dérailler non plus. Pour moi, à l’époque, c’était un sentiment étrange, entre préoccupation et insouciance en fait. Ce qui m’importait, c’était que les textes ne soient pas anodins, je voulais des choses profondes mais avec une légèreté quand même. Avec Alain on était raccords là- dessus. Il n’y avait pas de retenue, pas de règle. Et au final, l’album est une sorte de mash-up qu’on a construit tous les deux. Quarante ans après, c’est excitant de s’y confronter.